Metaquine® fait mieux que Ritaline®

Boîte-MétaQuine-&-RitalineOn a parfois rapproché Métaquine® et Ritaline®, un produit enregistré dans les mêmes indications mais, quant à lui, sur le marché depuis plus de vingt ans. Cette parenté de façade mérite d’être discutée.

La Ritaline® a pour principe actif le méthylphénidate, dont les propriétés sont voisines de celles des amphétamines. Comme la spécialité de GlobantisPharma, le produit s’est fait connaître dans le traitement du trouble du déficit d’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), un syndrome affectant l’adaptation scolaire et le comportement de certains enfants et adolescents. Son usage, d’abord prudent, s’est mondialement répandu ces dernières années. Ses indications se sont aussi élargies à d’autres catégories de patients et à d’autres affections neuropsychiques. La plupart de ces nouvelles indications restent toutefois off-label

Le médicament susciterait-il la maladie ?

Le psychiatre français Patrick Landman s’alarme de cette pléthore de prescriptions. « Aux Etats-Unis, le chiffre d’affaires des médicaments vendus pour lutter contre le TDAH est passé de 40 millions de dollars il y a vingt ans à 10 milliards aujourd’hui, constate le médecin. On assiste à un marketing des maladies, qui se vendent comme de vulgaires produits […]. Dans le cas du TDAH, c’est le médicament qui fait la maladie. »

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Commerce et médecine, une association à problèmes

Depuis les années 2000, la FDA (Food and Drug Administration) a dénoncé à plusieurs reprises les producteurs de médicaments anti-TDAH pour publicité mensongère, conflit d’intérêt et soutien à des experts médecins payés pour convertir leurs confrères. Un collège d’universitaires nord-américains – neutre, celui-ci – a statué sur les performances de la Ritaline®, qui reste la plus commune de ces « drogues de l’obéissance ». Les spécialistes attribuent à la molécule davantage d’inconvénients que de bénéfices. « L’usage accru du médicament est associé à une dégradation du plaisir de vivre et de la relation avec les parents [ainsi que] d’une détérioration du niveau scolaire », a conclu le comité. À ce jour, les études scientifiques montrent que cette classe de substances n’améliore la concentration que de manière transitoire. Aucun essai clinique n’a mis en évidence d’effet positif à long terme, aussi bien sur les notes que sur le comportement des enfants hyperactifs. En revanche, la prise de méthylphénidate (principe actif de la Ritaline®) ne serait pas sans effets secondaires sur le sommeil, le système cardiovasculaire et la croissance.

La science rassure… à court terme

Une récente revue systématique de la littérature scientifique, parue dans le prestigieux BMJ (British Medical Journal, septembre 2015), nuance le propos. Dans cette méta-analyse, 185 études cliniques consacrées au méthylphénidate chez les enfants et les adolescents souffrant de TDAH sont passées au crible des sévères critères Cochrane, qui font autorité en matière d’évaluation des traitements médicaux. Les auteurs admettent que la Ritaline® peut améliorer significativement l’apprentissage, les réactions et la qualité de vie familiale des jeunes patients. Toutefois, précise le rapport, le degré d’évidence de ces conclusions reste bas en raison de nombreux biais et de la faible qualité d’ensemble des résultats publiés. Si les effets indésirables sévères restent rares dans les statistiques, les travaux analysés fournissent très peu de données sur les conséquences à long terme de la prise de méthylphénidate. De nouvelles études devraient être menées afin d’étayer plus fermement les indications du médicament, recommandent encore les signataires de l’article.

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Dérives

Même si le débat reste ouvert, la Ritaline® et ses épigones n’en continuent pas moins de cartonner au box-office des pharmas. Aux USA, le nombre d’enfants à qui on a prescrit un traitement médicamenteux du TDAH est passé de 600’000 en 1990 à 3,5 millions en 2013. En France, le chiffre a augmenté de 44% entre 2008 et 2011 ; au Brésil, de 75%. La télévision et les magazines grand public ont pris le relais de la médecine pour convaincre parents et enseignants de traiter les turbulents et les derniers de classe comme des malades. L’école, dirait-on, préfère doper les enfants que d’intégrer leur singularité. Une tendance lourde à la normalisation, qui déborde le cadre éducatif pour gagner toutes les couches de la société. La preuve, on prescrit de plus en plus de Ritaline® aux adultes.

Un médicament à recadrer

En résumé et en l’état actuel des connaissances, on estime que la Ritaline® peut soulager les enfants souffrant de TDAH (et leurs proches). Pour autant que le diagnostic soit bien posé, que le patient soit suivi par un spécialiste et que la durée du traitement reste raisonnable. Au-delà de ces conditions, l’utilisation du médicament devient hasardeuse. En matière de médecine, les effets de mode et les pressions commerciales ne sont jamais de bon conseil.

Métaquine®, un grand pas en avant

À l’instar de la Ritaline®, la Métaquine® connaît un succès planétaire, au grand profit de son fabricant Globantis. Le géant de la pharma prête à son blockbuster les mêmes vertus que celles du méthylphénidate. Comme lui, la Métaquine® remet à l’ordre le cerveau des gamins à problèmes.

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Difficile pour Régis, écolier de onze ans et demi, de rester seul de sa classe à bouder cette panacée malgré les pressions des enseignants et les rapports des psys scolaires. D’autant plus que les performances des élèves boostés à la Métaquine commencent à faire des envieux hors des bancs d’école. Les adultes sont de plus en plus nombreux à en consommer pour lutter contre le stress, soutenir les cadences de travail et doper leurs compétences.

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Là s’arrête la comparaison avec la Ritaline®. La Métaquine®, elle, est garantie sans effet indésirable, bénin ou sévère. De plus, les labos de la multinationale découvrent chaque jour de nouvelles propriétés au produit.

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— […] nos chercheurs ne savent plus où donner de la tête. On teste la Métaquine comme anxiolytique, contre les TOC, les psychoses aiguës. Des résultats positifs ont été enregistrés dans les troubles bipolaires, les bouffées délirantes des schizophrènes et même chez les alcooliques chroniques.
— C’est une panacée, à vous entendre.
— Nous ne sommes pas loin de le penser.

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Au vu de ces avantages, pourquoi s’en priver ? Le nombre d’usagers, de tout âge, nation et condition sociale, va croissant. Rien ne semble endiguer le succès de la Métaquine®, qui dope l’ardeur au travail, combat le stress, guérit la dépression et booste la mémoire. À croire que la société toute entière attendait ce produit-miracle.

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