Sophie

Sophie Emarmena, docteur ès neurosciences et psychologie cognitive, experte pour l’OMS et honoris causa du London Brain Institute, est retraitée depuis presque vingt ans. Bien que toujours abonnée aux revues prestigieuses qui ont naguère accueilli ses articles, elle n’a plus le courage de les ouvrir. Ses contacts avec les chercheurs qui œuvrent dans sa discipline sont rompus, son ordinateur prend la poussière. Mais quand son jeune voisin Régis lui apprend qu’il doit passer des tests d’aptitude scolaire et que ces questionnaires sont sponsorisés par l’industrie pharmaceutique, son esprit critique se réveille.


Sophie-et-le-monstre-du-bois

Sophie Emarmena, fiche d’identité

Âge : 84 ans
Famille : Remo (époux, décédé)
Point fort : curiosité scientifique
Point faible : vieillesse
Rôle dans Métaquine® : actrice de 1er plan


Solitude et déclin

Sophie vit seule et sans ascenseur, parmi ses livres et ses souvenirs. Son ouïe baisse, ses articulations regimbent, son savoir s’étiole. Il n’y a guère que le petit voisin d’en-dessus, féru de vulgarisation scientifique, qui parvienne à raviver sa curiosité. Difficile de ne pas répondre à l’enthousiasme du gamin quand il s’arrête chez elle pour partager les trouvailles qu’il a faites sur le net.

Régis-portrait_couleur

— J’ai juste imprimé ça. Pour vous.

Une page écornée couverte de schémas et de phylactères.

— Merci, Régis. Je n’ai pas mes bonnes lunettes. C’est une bande dessinée ?

— Non, la copie papier d’un truc que j’ai lu dans Archie. J’aimerais bien avoir votre avis là-dessus.

— Archie ?

— Archie, le webzine scientifique dont je vous ai causé plein de fois.

— Ah oui, Archie.

Archie pour Archimède, la mascotte du site. Un « Euréka ! » de bienvenue retentit chaque fois que Régis allume sa flextab sous mon nez, ouverte sur sa plateforme préférée. Non contents d’affubler le savant de Syracuse d’un surnom ridicule, les webdesigners en ont fait un nabot barbu qui gesticule dans une tunique trop courte au sommet de chaque page.

» Quel est le sujet du jour ?

— Les ordis quantiques. Ces engins sont en train d’enfoncer tous les autres. Vous verrez, c’est à tomber sur le cul.”

Régis et Sophie
Métaquine
, Sophie 2


Reprise de conscience

Sophie se croyait une has been, définitivement retirée de l’actualité des neurosciences. Mais il lui a suffi de lire la lettre adressée aux parents de Régis par les psychologues scolaires pour que sa conscience d’investigatrice reprenne du service.

Sophie-portrait_couleur

Je n’ai jamais vu de propagande si insidieuse, emballée d’autant d’esbroufe mercantile. Comment ose-t-on distribuer cette paperasse dans une école publique ? Le ton de la lettre aux familles, les arguments, les graphiques sur papier animé, tout relève de l’intox sponsorisée. Quant aux formulaires d’évaluation, même les zélateurs de la scientologie n’en conçoivent pas d’aussi fourbes. Le choix de réponses est formaté pour dérouter les enfants et la présentation des résultats pour inquiéter les parents. Écoliers, enseignants et géniteurs sont acculés au rôle de pigeons, prêts à ouvrir le bec quand tombera la manne.

Et quelle manne. Un artifice chimique, un ersatz d’ardeur à l’étude. Les classes débordent-elles à ce point de cancres et de chenapans intenables ? Je savais l’école contaminée par l’esprit de compétition ambiant, mais mes pronostics restaient en deçà de la réalité. Désormais les pédagogues cèdent leurs pupitres aux designers d’intelligence et aux marchands de réussite en pilules.”

Métaquine, Sophie 5


Fauve embusqué

Sophie se plonge corps et âme dans son enquête sur GlobantisPharma et la propagande insidieuse que le groupe diffuse dans les écoles. Elle réactive ses contacts dans le milieu des neurosciences et alerte Clotilde Filippini, dont elle a lu les articles. Mais si trépidante activité n’est plus de son âge. Le surmenage et le découragement menacent. La nuit, un vieux cauchemar revient la hanter, comme pour lui prédire à quel désastre son obstinationrisque de la conduire.

Monstre_du_bois_portrait— Depuis des années, je fais le même rêve. Une créature menaçante me suit en tapinois, sans jamais quitter l’ombre de la forêt. Au bruit de ses pas feutrés, je comprends qu’elle calque son allure sur la mienne. Je cours comme une folle, je m’étrangle de terreur, je perds mon souffle. En vain. Jamais je ne réussis à distancer le monstre invisible. La panique finit par me réveiller, mais ce n’est que partie remise. La chasse reprend les nuits suivantes, encore et encore.”

Sophie
Métaquine
, Clotilde 7


Autour de Sophie

Voisins et partisans

Régis-portrait_couleur_légende Clotilde-portrait-légende Aveugle-légende Alfredo_portrait_L

Souvenirs et hantises

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